Information :
Développeurs : Square Enix, Acquire, Square Enix Co., Ltd., Square Enix Business Division 11
Plates-formes : Nintendo Switch, PlayStation 5, Android, PlayStation 4, Xbox One, Microsoft Windows, GeForce Now
Date de sortie initiale : 13 septembre 2017
Nominations : Game Award du meilleur jeu de rôle · Voir plus
Genres : Jeu vidéo de rôle, Jeu d'aventure
Concepteur : Kota Oosaki
Éditeurs : Nintendo, Square Enix, Square Enix Co., Ltd., Square Enix Inc., Exptional Global
Octopath Traveler 0 revient sur les terres familières de la série avec l’assurance tranquille d’un jeu qui sait ce qu’il est et d’où il vient. Pas de révolution tapageuse ni de mécanique improbable greffée à la dernière minute. On est dans cette approche très carrée où les développeurs retravaillent ce qui fonctionne déjà, l’ajustent, le polissent, et le délivrent avec un aplomb presque insolent. Résultat: une aventure longue, maîtrisée et somptueuse, même si l'ensemble ne parvient pas toujours à échapper à la sensation de déjà-vu.
Un préquel qui assume son rôle
Situé bien avant les événements des deux premiers épisodes, ce nouvel opus raconte un monde en formation. C’est une période moins civilisée, plus rugueuse, où les conflits ne sont pas encore polis par les siècles. Cette atmosphère fonctionnelle, parfois brutale, donne une vraie personnalité au récit: on observe non pas un univers installé, mais un univers en train de se construire, et ça change subtilement la façon d’aborder les histoires.
Les huit protagonistes bénéficient chacun d’un arc dédié, comme le veut la tradition. La différence, c’est que les liens entre eux sont plus visibles. Les interactions croisées, plus fréquentes, donnent un sentiment d’équipe que la série cherchait depuis longtemps sans jamais l’attraper complètement. Cela reste loin d’un JRPG classique où tout le monde voyage main dans la main, mais on sent un effort réel: dialogues contextualisés, réactions partagées, tensions assumées. Rien de flamboyant, mais ça fonctionne.
Écriture : une montée en qualité, malgré quelques zones grises
Les scénarios ne brillent pas tous de la même manière. Certains héros bénéficient d’une narration plus surprenante, tandis que d’autres suivent des chemins un peu trop balisés. L’ensemble garde néanmoins une cohérence agréable, avec un ton plus sombre et plus épuré. On retrouve cette écriture concise, presque théâtrale, qui caractérise la série. Pas de dialogues interminables: juste l’essentiel, bien posé.
Ce minimalisme fait encore débat, mais dans Octopath Traveler 0, il est mieux exploité. Les motivations des personnages sont plus claires, les thèmes se répondent mieux, et la conclusion générale réunit tout le monde de façon moins forcée que dans le premier jeu.
Système de combat : un héritage affûté
Le célèbre système Break & Boost reste au cœur du gameplay, et heureusement: c’est l’un des meilleurs systèmes au tour par tour de ces dernières années. On identifie les faiblesses adverses, on brise leur posture, on multiplie ses dégâts au moment optimal, et tout ça sans jamais perdre en lisibilité. Le rythme est superbe, alternant tension et explosion de puissance.
Les classes secondaires gagnent en profondeur: elles permettent de façonner des stratégies plus variées sans devenir un cauchemar à optimiser. Le tout donne une sensation plus souple, plus intelligente, avec moins de plafonds artificiels.
Les boss sont particulièrement bien conçus: longs, exigeants, mais rarement injustes. Ils imposent de réfléchir à chaque tour plutôt que de foncer en mode pilote automatique. Un vrai plaisir pour quiconque aime les combats tactiques nerveux.

Un monde magnifique mais qui manque un peu de surprise
La direction artistique reste évidemment l’élément le plus reconnaissable de la série. L’HD-2D, ce mélange sublime de pixel art et d’effets modernes, atteint ici un niveau de raffinement impressionnant. Lumières, reflets, particules, profondeur… tout semble minutieusement travaillé pour créer une atmosphère de diorama vivant.
Le problème, c’est que la claque visuelle est moins violente. On a déjà vu cette esthétique deux fois, et Octopath Traveler 0, même très beau, peine à surprendre autant que ses prédécesseurs. Certaines zones adoptent des variations visuelles intéressantes, mais le style global reste très proche.
Cela dit, la qualité est indéniable. On peut traverser une forêt brumeuse ou un temple oublié sans jamais se lasser du spectacle. L’ambiance sonore, elle aussi, porte l’ensemble avec des compositions élégantes, parfois poignantes, qui renforcent chaque moment important.
Exploration et progression : enfin plus équilibrées
L’un des grands soucis du premier épisode était la nécessité de grinder comme un hamster sous vitamine entre certains chapitres. Ici, c’est globalement réglé. Le jeu récompense davantage l’exploration naturelle, les combats aléatoires sont mieux calibrés, et les quêtes annexes s’intègrent dans une progression fluide.
Les villages et donjons restent classiques dans leur construction, presque trop sages. Mais leur lisibilité et leur densité en secrets créent un rythme agréable: jamais trop vide, jamais trop surchargé.
Quelques pics de difficulté subsistent, souvent liés à un boss un peu trop motivé, mais rien d’aussi brutal que certains chapitres du premier jeu.
Une durée de vie généreuse mais pas envahissante
Comptez plusieurs dizaines d’heures pour boucler les huit arcs principaux, et davantage si vous êtes du genre à fouiller chaque recoin. L’aventure s’étire sans s’étioler, ce qui est suffisamment rare dans le JRPG moderne pour être souligné.
Le jeu propose plusieurs quêtes secondaires plus ambitieuses que par le passé. Certaines révèlent des morceaux estimables du lore, d’autres jouent sur la mécanique des jobs pour proposer des mini-défis bien construits. Rien de révolutionnaire, mais elles enrichissent le voyage.
Points forts :
Direction artistique HD-2D toujours somptueuse et maîtrisée.
Combats Break & Boost affinés, tactiques, terriblement satisfaisants.
Écriture mieux liée entre les personnages, progression plus cohérente.
Progression mieux équilibrée, quasiment plus de grind obligatoire.
Points faibles :
Sensation de déjà-vu artistique sur le long terme.
Absence de langue française.
Variations de difficulté encore un peu irrégulières.

Test – OCTOPATH TRAVELER 0