Year of Prophecy: Ultimate Edition s’annonçait comme la version définitive d’un RPG culte, salué pour son univers mystique, ses choix narratifs impactants et son gameplay tactique exigeant. Revenu en force sur Steam avec un contenu enrichi, des graphismes rehaussés et une promesse de réconciliation avec les fans de la première heure comme les néophytes, ce titre avait tout d’un retour en grande pompe.
Mais cette édition ultime est-elle à la hauteur de ses ambitions ? Voici notre verdict, après plus de 40 heures plongés dans ce monde de visions, de dieux anciens et de révolutions prophétiques.
Un monde riche, aux frontières du mythe et de la tragédie
Dès les premières minutes, Year of Prophecy capte l’attention avec un univers complexe et méticuleusement construit. Le royaume de Solméra, à l’aube d’un cataclysme annoncé par d’anciennes prophéties, est au bord de l’effondrement. La direction artistique sublime ce monde aux influences orientales et celtiques, peuplé de castes mystiques, de cultes oubliés et de ruines gorgées de savoir interdit.
L’intrigue principale suit le destin de Lys, une jeune archiviste dont les visions l’amènent à remettre en question l’histoire officielle et à s’impliquer dans un conflit aux ramifications politiques et religieuses. Si le point de départ peut sembler classique, la force du jeu réside dans l’exécution : la narration est subtile, tissée de dialogues bien écrits, de ramifications scénaristiques profondes et de personnages aux motivations nuancées.
Les choix que vous faites ont un véritable impact : des factions entières peuvent s’éteindre ou prospérer, des personnages secondaires peuvent devenir de puissants alliés ou des ennemis jurés. Le tout avec une mécanique de "chronomancie" permettant d’explorer certaines conséquences à court et long terme, une idée brillante bien exploitée dans l’édition ultime.
Un gameplay tactique exigeant et gratifiant
Le système de combat reprend les fondations du tour par tour, mais les affine avec des ajouts stratégiques notables. Les classes de personnages — mystiques, juges, exilés, nécroscribes — offrent une grande diversité de styles de jeu. Chaque unité peut être personnalisée en profondeur via un système de compétences arborescentes et d’équipements rares, à débloquer ou forger via l’alchimie ou la récupération de fragments d’artefacts anciens.
Les affrontements sont difficiles sans être injustes. La gestion du terrain, des effets météorologiques, et des interactions élémentaires donne un aspect presque puzzle à certains combats. L’IA ennemie s’est aussi améliorée par rapport à la version originale, punissant l’imprudence et exploitant les faiblesses du joueur.
En mode "Visionnaire", exclusif à cette Ultimate Edition, le joueur peut accéder à une forme de prescience limitée en combat, permettant de simuler des résultats ou d’anticiper certains mouvements ennemis. Un outil utile, bien intégré, qui ne casse jamais la difficulté mais propose une autre manière d’aborder les batailles.
Contenu Ultimate : un vrai plus ou simple peau neuve ?
Cette Ultimate Edition ne se contente pas d’un lifting graphique. Elle ajoute près de 10 heures de contenu narratif avec une campagne parallèle centrée sur l’antagoniste principal, Ashen Haldis, dont les motivations profondes viennent enrichir l’ensemble. De nouvelles zones sont accessibles (la Forteresse de l’Incréé, les Jardins d’Obsidiance), des boss optionnels redoutables viennent compléter l’aventure, et un bestiaire mis à jour relance l’intérêt de l’exploration.
Visuellement, le jeu tourne désormais en 4K avec des textures retravaillées, des animations fluidifiées et une meilleure gestion des lumières dynamiques. La bande-son, réorchestrée, conserve la beauté mélancolique de l’original avec des arrangements plus riches, signés d’un duo compositeur + sound designer qui maîtrise parfaitement l’ambiance sombre et mystique du jeu.
Côté technique, le jeu est globalement stable. Quelques bugs mineurs persistent (notamment lors des transitions entre zones), mais aucun plantage critique n’a été constaté. Le portage Steam est soigné, avec une compatibilité manette complète, des options graphiques avancées et un support Steam Deck partiellement optimisé.
Narration interactive : émotions et responsabilités
Là où Year of Prophecy brille véritablement, c’est dans sa manière de traiter le libre arbitre. Chaque décision pèse, souvent de manière inattendue. Le jeu n’hésite pas à mettre le joueur face à des dilemmes moraux complexes, sans manichéisme. Sauver un village peut condamner une nation. Trahir un serment peut libérer un peuple.
Le jeu parle de transmission, de mémoire, de sacrifice, de foi. Il ose aussi des sujets plus contemporains (autoritarisme, manipulation de l’information, écologie mystique) sans jamais tomber dans la démonstration forcée. La fin, douce-amère, varie selon les choix effectués tout au long de l’histoire, et donne envie de relancer une partie pour explorer les ramifications
Points forts :
Une écriture mature et immersive, servie par des choix vraiment impactants.
Système de combat tactique profond, exigeant et varié.
Direction artistique unique, entre aquarelle animée et architecture mystique.
Contenu Ultimate conséquent, avec de nouvelles zones, arcs narratifs et options de gameplay.
Points faibles :
Quelques imperfections techniques mineures subsistent (textures tardives, bugs de collision).
Le rythme peut sembler lent sur les premières heures, notamment pour les joueurs impatients.
L’absence de localisation vocale française peut freiner certains publics non anglophones.
Test – Destiny 2 : Year of Prophecy Ultimate Edition sur Steam